Son développement global

Emile éprouve le besoin de sortir du cocon que représente la maison. Il recherche « la connaissance » et les relations sociales. Les amis sont très importants et en particulier ceux qui sont du même sexe que lui.

Son esprit analyse sur un plan abstrait. Il a désormais la capacité d’imaginer ce qui ne peut pas être vu. Il pose souvent les questions : comment… ? Et pourquoi… ? Il s’intéresse à la terre, la lune, le soleil, l’air, les marées… Il a besoin d’observer les éléments, faire des expériences, rechercher, analyser pour tenter de comprendre ce qui l’entoure en complément de son apprentissage scolaire, parfois un peu abstrait face à ses questions.

Emile est à l’âge où il ressent vivement le sentiment d’injustice et le manifeste : « C’est pas juste ! C’est pas du juste » !

D’un point de vue physique

Emile a maintenant ses dents définitives, ses cheveux sont moins soyeux. Il a besoin d’apprendre à prendre soin de lui. L’hygiène buccale peut lui être expliquée par le dentiste qui lui apprendra à faire un brossage régulier et efficace de ses dents et lui donnera une information sur la prévention des caries. Le soin des cheveux, à l’âge où l’enfant préfère se laver seul, peut aussi être détaillé par le coiffeur : comment se shampouiner efficacement et à quelle fréquence, voire comment se coiffer ?

Le corps de l’enfant devient plus fin et plus fort ; ses jambes et ses pieds s’allongent. Une sensibilisation à l’équilibre alimentaire à l’occasion des repas pris à l’école l’aidera de gérer ses « 5 fruits et légumes par jour » et se construire une bonne santé.

Sa communication (langage et socialisation)

Tout ce qu’il avait « découvert » par ses cinq sens, Emile cherche maintenant à le comprendre. Il cherche les relations de cause à effet, l’interdépendance des faits et des actes. Son esprit est vif et bouillonnant et il questionne beaucoup. L’adulte peut se fatiguer de cette abondance de questions. Deux écueils sont à éviter : prier l’enfant de se taire ou lui fournir par des explications trop longues ou trop compliquées.

Emile fait ses premiers pas dans « l’abstraction ». L’éducateur doit lui être un guide qui oriente ses recherches, lui apprend à utiliser les bons outils : dictionnaire, encyclopédie, bibliothèque, internet… ou lui donne l’occasion de rencontres, exposition, conférence…

Emile veut et nous demande : « aidez-moi à penser par moi-même ».

Ses petites ou grandes contrariétés, ses « Ce n’est pas juste ! » peuvent déstabiliser l’adulte ; mais ce n’est qu’une protestation naturelle contre les interdits et les entraves qui limitent son besoin de liberté croissant. L'enfant peut trouver que la loi édictée par ses parents est abusive ; celle qui l'oblige par exemple à aller au lit tôt, à la même heure que son petit frère ou sa petite sœur. Emile demande une liberté plus grande que quand il était plus jeune. Il faut profiter de cette exigence nouvelle pour lui expliquer que davantage de droits signifie davantage de devoirs, de responsabilités.

Emile, si on lui explique, peut comprendre ou au moins admettre que tout ce qui est ennuyeux, le contrarie, constitue un obstacle à ses souhaits immédiats n'est pas une injustice : « Quand il pleut et que tu ne peux pas aller jouer dehors, ce n'est pas injuste, c'est seulement embêtant ! ».

Le plus souvent, quand Emile dit « c'est pas juste ! », cela signifie « j'ai été lésé ! ». « Elle a eu de nouvelles chaussures et pas moi ! », « Son gâteau était plus gros que le mien ! »… sont autant de remarques récurrentes par lesquelles il exprime son sentiment d’injustice. En effet, pour lui, l'équité, l'égalité, la justice sont une seule et même notion. D’autant qu’il est quotidiennement face à l’évaluation, à la compétition à l’école ou au sport… Pour lui, ce n'est pas juste de ne pas avoir ou de ne pas être comme son frère, sa sœur ou ses copains. Et il est capable de mesurer au millimètre près le niveau de son jus de fruits pour être sûr de ne pas être défavorisé : « Il en a eu plus que moi ! ». Mais donner exactement la même chose à chacun serait faire abstraction des différences et des besoins de chacun. A ses parents d'expliquer à Emile que la justice n'implique pas forcément une égalité formelle et essayer de lui inculquer la notion d’équité, plus appropriée aux réalités de la vie. Il s'agit de donner à chacun, unique et différent, ce dont il a besoin. « Ses chaussures étaient trop petites, sois assuré que quand les tiennes seront trop petites, nous irons ensemble en choisir des neuves ! » « As-tu encore faim pour avoir une autre part de gâteau ? ».

Certaines questions nécessitent une réponse réfléchie et rassurante : « Qui aimes-tu le plus ? », « Pourquoi passes-tu tout ton temps avec mon frère et pas avec moi ? ». Au lieu de lui répondre simplement : « Je t’aime exactement comme ton frère ! », montrez à chaque enfant que vous l’aimez de façon spéciale : « Il n’y a qu’un seul Toi dans le monde entier. Personne ne pourra jamais prendre ta place. Personne n’a tes sentiments, tes pensées, ton sourire. Je suis si contente d’être ta maman. ». Au lieu de partager son temps de façon égale : « 10 minutes chacun chrono ! », consacrez à chacun, en fonction de vos possibilités, le temps qui correspond à son besoin : « Je sais que je passe beaucoup de temps avec ton frère pour son projet de sciences. C’est important pour lui. Dès que j’aurai terminé, nous nous mettrons à ce qui est important pour toi ! ».

Parfois, l’adulte punit ou donne raison à tort. Parfois, l’enfant est puni collectivement alors qu’il n’a rien fait de mal. Ecouter ce qu’il a à dire, s’excuser auprès de lui si nécessaire, offrir une conciliation entre personnes en conflit sont autant de réponses permettant à Emile de « se civiliser », c’est-à-dire de commencer à acquérir le « sens civique » indispensable à ses relations sociales futures.

L’éducation est une aide à la vie. Après une conquête sensorimotrice de son environnement jusqu’à 6 ans, Emile commence à construire par ses expériences intelligentes l’être social qu’il deviendra.

La réponse de l’adulte à ses besoins

Entre 7 et 12 ans, Emile ne considère plus qu’il est au centre de tout et prend conscience des grandes injustices comme la pauvreté, la maladie, la guerre… Alors, la rencontre d'une personne sans-abri, par exemple, peut l'amener à s’étonner et parfois même à s’indigner. Cette protestation contre ce qu’il ressent comme injuste est très saine. Ses parents peuvent l’aider à discerner ce qui est juste et ce qui n'est pas juste. La révolte face à l'injustice peut spontanément conduire Emile à essayer de « réparer » par un acte positif : préparer un repas pour une personne sans-abri, donner des jouets pour des enfants malades… en éveillant ainsi sa perception du monde qui l’entoure : « quand je serai grand, je pourrai contribuer à un monde plus juste ». Il faut l’en féliciter.

Les réunions de famille peuvent aider au développement d’Emile. Elles permettent en un temps limité à chacun et donc à Emile de s’exprimer et d’exposer ce qu’il faut modifier dans la répartition des tâches. Alors pourront être proposées de nouvelles règles prenant mieux en compte l’évolution d’Emile : se coucher plus tard, disposer d’un peu d’argent de poche, acheter le pain tout seul, utiliser la télévision, la console de jeu. En contrepartie, il faudra lui faire prendre conscience des devoirs liés à sa plus grande autonomie : se laver tout seul, débarrasser la table, nourrir le chat… Emile peut aussi participer au choix des sorties ou des vacances de la famille. Et admettre que le séjour retenu ne sera pas obligatoirement celui qu’il souhaite mais celui qui est le plus agréable à tous.

Pour répondre à son besoin de justice, il est important de définir avec lui les règles essentielles de la vie en famille et lui indiquer les conséquences du non respect de ces règles établies en commun. Il doit lui être clair que ces règles ne peuvent être remises en question à l’occasion de la première colère ; cela évitera des négociations désagréables, voire rendues interminables par sa capacité nouvelle à ergoter !

Par ailleurs, il est primordial que ses parents tiennent les engagements qu’ils ont pris à l’égard d’Emile. S’il lui a été promis de jouer à un jeu de société ou de faire une balade à vélo, il faut que l’acte suive (sauf impossibilité majeure expliquée à l’enfant). Son sens moral est très aigu. Pour respecter un adulte, Emile a besoin de sentir que cet adulte est digne de confiance, respectable. L’enfant nous oblige à respecter un « code moral » : il acquiert ainsi une éthique qu’il s’appliquera à lui-même devenu adulte.

Emile peut être suffisamment raisonnable et responsable pour recevoir un peu d’argent de poche, dans la mesure où il a une notion de l'argent et est prêt à « gérer » son petit budget. Il s'agit de lui apprendre à se responsabiliser en se faisant plaisir. Cette responsabilité nouvelle répond à l'élan vital d’Emile.

Aménagement de l’espace

C’est l’âge du lit cabane, d’une petite mezzanine avec son coin lecture et le bureau en dessous.

Meubles et rangements à sa portée. Emile peut faire des petites collections de coquillages, fossiles, pierres précieuses… Une vitrine ou une boite à collections lui permettra de les organiser, les exposer.

Pour ses devoirs, il lui faut un bureau à sa taille avec ses tiroirs pour les cahiers, des pots à crayons, feutres, ciseaux… et une chaise confortable permettant à ses pieds de reposer confortablement sur le sol.

Une armoire pour ses vêtements et des patères pour pouvoir s’habiller et préparer le linge à mettre le lendemain.

Un sac spécifique pour le sport avec sa tenue, une serviette, une gourde et un en-cas.

Un espace aménagé pour les activités manuelles, le bricolage avec ses petits rangements classifiés, ses outils accessibles…

Une bibliothèque pour ses livres, dictionnaire, encyclopédie…

Un espace multimédia avec accès parental sécurisé pour faire ses recherches culturelles.

Un lit d’appoint ou une chauffeuse sera utile pour recevoir un cousin, un ami.

Sorties, activités et livres

  • Les longues marches et randonnées, en lisant une carte, en recherchant les marquages de couleurs du GR, en se positionnant sur une table d’orientation, en suivant les empreintes d’animaux… sont autant d’occasion pour Emile d’utiliser ses facultés intellectuelles pour trouver son chemin et ses capacités physiques pour le suivre.
  • Le planétarium : il se compose d'une grande coupole au centre de laquelle un planétaire reproduit un ciel étoilé. Les séances du planétarium ont un but essentiellement didactique et constituent une excellente initiation à l’astronomie. Un conférencier explique les divers aspects de notre univers en commençant toujours par une description du ciel que l’on pourrait voir le soir même, puis oriente son propos vers un thème qui occupera le reste de la séance. Plusieurs sont implantés : au Palais de la découverte, à la Cité des Sciences à Paris, en Bretagne, à Strasbourg, à Montpellier…
  • Des activités manuelles à la maison avec des sets d’enluminure, de calligraphie, de mosaïque, de poterie… avec des animateurs spécialisés en atelier (par exemple dans les musées comme le Louvre ou à la Cité des Sciences).
  • Des activités techniques : télescope, microscope, globe terrestre lumineux, set d’anatomie…
  • Cuisiner est aussi une activité rassemblant plusieurs capacités : lire, utiliser des ustensiles, se servir d’appareils électroménager (le four, le batteur électrique…), faire des émulsions… C’est une excellente activité associant bon sens et adresse. Il existe d’excellents livres de cuisine pour enfants.
  • Revue Le petit quotidien : deux feuillets format A4, reçus chaque jour du lundi au samedi dans sa boîte aux lettres où Emile découvrira des événements du jour.
  • Magazine CRAM-CRAM conçu pour les 6-12 ans, est ouvert sur toutes les cultures, sans publicité. Il propose la découverte du monde, des pays et des populations.
  • La Petite Salamandre est une revue d’éveil à la nature pour les enfants de 6 à 12 ans. Passionnée, éthique et sans aucune page de publicité, elle propose de découvrir le monde des plantes et des animaux. La Petite Salamandre fera découvrir à Emile la nature juste à côté de chez lui : la coccinelle, le hérisson, le pissenlit… en s’amusant grâce aux jeux, bricolages, questions-réponses, trucs et astuces. Il comprendra ainsi l’intérêt de protéger la nature.

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