Son développement global

C’est une année de changement, de transformation : Emile entre dans l’adolescence. Il se pose des questions structurantes sur l’être qu’il va devenir : Qui suis-je ? Quelle est ma place dans ce monde ? Il cherche des regards neufs sur lui pour l’aider à définir son identité. Son corps change, son attirance pour l’autre sexe commence. Il s’ouvre à la pensée abstraite, découvre les valeurs humaines dans leurs différents aspects sociétaux.

D’un point de vue physique

La grande transformation vers un corps sexuellement actif commence.

Le garçon va vers le jeune homme : une pilosité apparaît, sa voix mue vers le ton grave, ses premières sécrétions masculines arrivent.

Emilie se métamorphose en jeune fille : une pilosité apparaît, sa poitrine se forme, ses cycles menstruels se mettent en place.

Ces transformations fragilisent Emile et sont la cause de ses fréquents changements d’humeur. Elles peuvent parfois réduire provisoirement ses capacités intellectuelles, sa soif de connaissances car son énergie est mobilisée à se construire. Le jeune adolescent a souvent besoin de dormir plus et de repas plus copieux.

Sa communication (langage et socialisation)

Les amis sont essentiels pour Emile. Ils se regroupent par affinités profondes : même manière de penser le monde, même passion, même sport, même musique… Ils s’inventent une manière de parler, un vocabulaire, une façon de se vêtir, une démarche commune… Cette « tribu », cette appartenance devient essentielle, presque existentielle.

La journée passée ensemble ne suffit pas. Les appels, les e-mails, les sms, les réseaux sociaux seront autant de moyens de rester en contact, de continuer leur relation après le retour à la maison. Etre ensemble, être en lien- « connecté » est un besoin.

Emile vit de nouvelles émotions, faites d’attirance et de répulsion. Ses émois envers ses camarades le déstabilisent et il a besoin d’en parler avec eux pour se rassurer, se conforter et se conformer. Il a un profond besoin de se sentir « normal » et de s’en assurer au travers du vécu des autres, ce qui justifie tout ce temps qu’ils ont besoin de passer ensemble physiquement en se réunissant ou/et virtuellement.

La réponse de l’adulte à ses besoins

Une période délicate s’annonce pour les parents. Comme pour un nouveau-né, il leur faut apprendre à décoder les besoins de présence et de solitude d’Emile.

Emile a besoin de nouvelles libertés qui doivent être régies par la confiance qui lui est accordée et les règles établies ensemble. Par exemple : « Tu peux aller dormir chez ton ami samedi soir si ses parents sont d’accord et présents. Je veux le numéro de téléphone des parents que j’appellerai avant. Je t’accompagne en voiture et viendrai te chercher le lendemain matin ».

Il est important de préserver un dialogue fluide et de définir avec lui tant ses nouvelles libertés que ses nouvelles responsabilités. Si le contact direct est parfois pesant dans les actes de la vie quotidienne, il est facile d’utiliser des post-it ou des sms : « Ta serviette adorerait s’étendre sur le porte-serviette. » L’humour, la légèreté peuvent être utilisés avec succès mais jamais les moqueries qui sont très mal ressenties à cette période marquée par la fragilité.

L’adolescent, comme l’enfant, a besoin de décider par lui-même. Le travail de l’adulte : l’aider à être sensible à ce qu’il ressent, à devenir conscient de ce qu’il est vraiment. Il pourra obéir à cet ordre intérieur, et pas seulement à des interventions extérieures dont il ne comprend pas le fondement et que donc il rejette, même si elles sont bonnes.

Emile cherche un appui. Il a besoin de savoir jusqu’où il peut aller et aussi de tester les limites de ses proches ! Ceux à qui leurs proches, par faiblesse ou par excès de patience, laissent tout faire, s’opposent toujours davantage pour trouver les limites de leur tolérance ; opposition qui les sécurise.

Les interrogations liées à sa transformation et à son avenir appellent la confiance des adultes et l’amour des parents. Si un garçon ou une fille de cet âge aime retrouver la tendresse de sa mère, en s’abandonnant un instant sur ses genoux, pourquoi lui dire : « Tu es trop grand ! » ?

« Si on laisse les adolescents libres d’organiser la vie d’une communauté qui est leur, on verra quel souci du détail ils manifestent. Ce souci du détail n’est qu’une manière de s’entourer de la sécurité nécessaire, comme antidote à l’insécurité qui est la caractéristique de l’adolescence. » Maria Montessori

Entre tout « laisser faire » et « s’affronter », il y a une troisième solution : la présence, le dialogue. Un arbre sur lequel s’appuyer oui, mais pas un mur.

Emile est en quête de son identité nouvelle : les parents ne sont plus les bons interlocuteurs. Il a besoin de regards nouveaux sur lui. Or, le regard des parents est chargé d’une histoire commune et au « Qui suis-je ? » que demande Emile, il s’entend répondre : « Bah, t’es mon petit poussin ! ».

L’internat peut être une réponse favorable pour se construire au quotidien sous le regard de ses pairs.

Emilie peut se regarder dans la glace, passer beaucoup de temps à essayer des coiffures, des vêtements, se prendre en photo. Elle cherche à se connaître, à savoir qui elle est, ce que les autres pensent d’elle. Attention aux remarques qui pourraient la blesser car elle y est très sensible.

Le recours à des activités physiques et manuelles peut aider Emile à apprivoiser ce nouveau corps : cultiver la terre, cuisiner, construire une éolienne ou un poulailler tout en mobilisant ces connaissances pour calculer les aires, faire les conversions…

Le sport est aussi une activité permettant de se sentir bien dans ce corps en transformation tout en déchargeant son surplus d’énergie.

Un temps d’échange et de partage avec Emile pour dialoguer autour de ces changements est nécessaire. Vous pouvez même créer un petit rituel de passage comme une soirée au hammam entre filles et femmes que votre jeune fille choisit ou aller à un atelier comme celui proposé à « Activités ».

Aménagement de l’espace

L’idéal pour cette phase de l’adolescence serait est qu’Emile dispose d’une « dépendance pour son indépendance » : une extension meublée en mini studio pour recevoir ses amis mais aussi créer (maquettes, dessins…), dormir…

Il est indispensable qu’il dispose d’une salle d’eau avec un grand miroir ou de lui aménager un coin personnel dans la salle de bains familiale car il a besoin de se faire beau, de se mirer, d’essayer différents styles vestimentaires… pour s’approprier son nouveau corps, son visage changeant.

Sorties, activités et livres

  • Acceptez son choix de sortie et missionnez un adulte « chaperon » pour l’accompagner avec un ou deux amis. Les jeunes auront la charge d’établir, de décider de leurs trajets… le « chaperon » de les accompagner pour veiller à leur sécurité !
  • Pour aider Emilie à comprendre et à vivre sereinement les changements et les rythmes de la puberté, il existe des ateliers pour les jeunes filles (de 10 à 13 ans) accompagnées de leur maman (tante ou marraine) sous la forme d’une mise en scène vivante et ludique du déroulement du cycle menstruel. Sont abordés en profondeur des sujets comme l’anatomie féminine, le système hormonal, la conception d’un enfant jusqu’à sa naissance, le cycle féminin jusqu’aux règles, les changements du corps à la puberté… http://www.cler.net/rubriques-droites/cycloshow
  • Des ateliers pour Emile existent aussi. L'atelier XY-évolution permet aux garçons d’acquérir les connaissances utiles pour aborder avec sérénité les changements de leur corps. Sont abordés des thèmes comme : découvrir les merveilles du corps, comprendre la puberté, les mystères de la conception et de la naissance. Un rallye, des ateliers thématiques et la grande expédition de la vie (représentation imagée du parcours des spermatozoïdes à la rencontre de l’ovule) émailleront cette journée à vivre en duo, le garçon avec son papa, son oncle ou son parrain. http://www.cler.net/rubriques-droites/cycloshow/nouveau-les-ateliers-xy-evolution
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