Les disputes entre frères et soeurs

Pourquoi les relations fraternelles sont-elles si rarement sereines ? Pourquoi tant de querelles, de rivalités ?

Celles-ci existent depuis toujours et sont illustrées dans la littérature religieuse et populaire.

Ces querelles, ces rivalités créent une ambiance désagréable qui dégrade la vie familiale car les parents s’inquiètent de voir entre des enfants censés s’aimer tant de violence et de rancœur. Alors pourquoi les voit-on naître ? En tant qu’adulte, doit-on intervenir dans ces conflits, et comment ?

 

Les petites disputes entre frères et sœurs font partie des aléas de la vie de famille. Il est important d’en comprendre l’origine et de savoir comment réagir pour maintenir la sérénité dans la famille.


Ces conflits sont-ils inévitables ?

Absolument ! Il faut en finir avec le mythe de LA FAMILLE IDÉALE ! Les chamailleries permettent aux frères et sœurs d'apprendre la communication, la négociation, le partage, le respect de l'autre et des règles.

La fratrie est le premier lieu d'expérimentation des relations sociales entre enfants et leur permet de s’affirmer en tant qu’individu , d'apprivoiser leurs sentiments vis à vis d’un pair (jalousie, rivalité , admiration) et de se familiariser avec les codes qu’ils pourront retrouver à l’école avec leurs camarades.

Les disputes sont saines et nécessaires au développement de chaque individu qui compose cette fratrie

 

Quelles en sont les raisons ?

Elles sont bien connues : frères et sœurs se disputent, avec force et constance, l’attention et l’amour de leurs parents . Ils se sentent constamment spoliés par « l’autre ». Petits, ils se disputent à propos d’un objet, d’un jouet ; plus tard c’est pour « un territoire » : la chambre de chacun, la place devant la télévision, etc. D’autres causes peuvent encore intervenir : l’ennui ou la fatigue. Mais la raison fondamentale de ces querelles, même si elle n’est pas consciente, est toujours la même : le désir de l’amour exclusif des parents. Il est fréquent de constater que les conflits s’apaisent, quand les adultes s'absentent.

Ces rivalités se renforcent lorsqu’il s’agit d’enfants du même sexe et d’âge rapproché. Le fils cadet qui souhaite l’amour exclusif de sa mère n’a plus seulement son père comme rival, il a aussi son frère aîné.

 

Comment intervenir ?

Animés par le désir que leurs enfants s’aiment et s’entendent, les parents vivent leurs rivalités comme des échecs éducatifs. Ils ont trop souvent tendance à vouloir atténuer les conflits et à inciter les enfants à ravaler leurs griefs. Inconsciemment, l'adulte « oblige » l'enfant à aimer son frère ou sa sœur car il leur est difficile d'envisager qu'une relation fraternelle puisse être conflictuelle. Certaines petites phrases anodines telles que « tu aimes ton petit frère ? », « il faut toujours être gentil(le) avec sa sœur ! », représentent autant de messages inconsciemment délivrés afin d'ancrer une relation qui ne peut être que d’amour aux yeux de la société.

Erreur ! nous enseigne le pédiatre et psychanalyste britannique Donald W. Winnicott. Il faut accepter les bagarres : « La mère doit empêcher l’enfant de 2 ans de frapper avec un maillet sur la tête du nouveau-né, mais elle ne doit pas s’inquiéter de ses idées destructrices et agressives. » En le laissant exprimer ses sentiments, la mère permet à la culpabilité innée de se développer chez son enfant. Et c’est cette culpabilité, non apprise, qui est le fondement de notre santé mentale.


Tout comme le complexe d'Œdipe, le complexe de Caïn est également bien réel. Il représente ce désir impétueux et inconscient de supprimer ce nouvel enfant qui menace l'amour parental exclusif.

Tout comme l'Œdipe, cette étape reste naturelle et structurante pour l'enfant.
L'attitude de l'adulte est alors le point de départ de cette relation, qui va ou non autoriser des ressentis négatifs voire de rejet au sein de la fratrie. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, accepter et entendre ce rejet permet aux frères et sœurs de finalement s'accepter. 


Un enfant n'est pas dans l'obligation d'aimer à tout prix son frère ou sa sœur!

Une fois le sentiment d'écoute et de compréhension instauré, les parents trouveront avec leur enfant les solutions pour que chacun puisse se sentir respecté et considéré.
Plus on autorise les enfants à se mépriser (avec des limites de la violence : on ne tape pas, on ne s'insulte pas), plus finalement ils se rapprocheront et créeront un lien fraternel qu'ils ne devront qu'à eux.

Pour chaque enfant, quelle que soit sa place dans la fratrie, l'objectif est le même : être l'être aimé exclusif, être le meilleur. L'adulte ne doit donc pas penser en termes de fratrie mais valoriser chaque enfant dans ses propres compétences, donner à chacun une confiance et une identité propre.




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Avril 2023